[Revue de presse]Service Games : the rise and fall of Sega

Si Nintendo a eu droit à pléthore d’ouvrages à vocation plus ou moins encyclopédique, à tel point qu’on est en droit de se demander qui peut encore ignorer les origines de la firme de Kyoto, c’est loin d’être le cas pour ses concurrents, et notamment Sega. Outre un affect probablement moindre du public trentenaire, ceci est certainement du au fait que l’histoire de Sega est loin d’être un long fleuve tranquille, contrairement à celle de son ancien rival.

Entre anonymat le plus complet, succès retentissants et échecs cinglants, l’histoire de Sega ressemble plus à Dallas qu’à La Petite Maison dans la Prairie, il est donc logique qu’il soit plus difficile de rassembler suffisamment de témoignages pour rédiger un ouvrage de référence.

C’est pourtant ce qu’a tenté de réaliser Sam Pettus avec Service Games : Rise and Fall of Sega. Dans cet ouvrage, ce sont 50 ans de l’histoire du plus badass et, probablement aussi, du plus schizophrène des éditeurs et constructeurs qui sont contés, à travers des extraits d’interviews, de témoignages et d’articles de presse, compilés pendant des années par l’auteur.

Des premiers pas de Sega en tant que distributeur de machines à sous à la fin de la Dreamcast, en passant par le succès fulgurant de la Megadrive et les échecs de la 32X et du Mega-CD, Sam Pettus décrit de façon quasiment exhaustive, quoique largement américano-centrée, le parcours de la firme de Haneda. Si certains épisodes sont largement connus, comme la guéguerre entre Sega Japon et Sega USA au moment de la conception de la Saturn et de la 32X, d’autres, plus intéressants, sont abordés, comme les alliances avortées avec Sony puis Microsoft, le divorce avec Working Designs, et les manœuvres désespérées des uns et des autres pour sauver les meubles quand tout était déjà perdu. Rien que pour cela, Service Games est une véritable mine d’or.

Malheureusement, l’ouvrage est loin d’être exempt de défauts. Sur la forme, déjà : le livre accuse son statut de compilation de notes, et comporte notamment beaucoup de redites d’un chapitre à l’autre, voire au sein d’un même chapitre. Le style est également assez indigeste, l’auteur se contentant d’énumérer des faits de façon assez froide, voire clinique. Globalement, l’ouvrage est austère, et ce n’est pas l’iconographie, sans relief et, à vrai dire, sans intérêt (même si vous avez la version couleur de l’ouvrage), qui vient égayer la lecture.

De plus, comme je l’écrivais plus haut, le point de vue est très américano-centré, malgré quelques incursions sur le volet Japonais et, dans une -bien- moindre mesure, Européen de l’histoire de Sega, ce qui est source de quelques approximations, heureusement pas très graves, mais qui pourront en faire tiquer certains. L’auteur a également un peu trop tendance à appliquer une grille de lecture à postériori aux évènements qu’il décrit, considérant un certain nombre de décisions de l’époque comme des erreurs évidentes. Il aurait été plus intéressant de chercher à comprendre pourquoi elles ont alors été prises, en creusant un peu plus loin que “les dirigeants de l’époque étaient stupides, ce qui était certainement assez vrai, sans que cela explique tout.

On atteint ainsi les limites de l’exercice : Service Games est un formidable travail de compilation de données, d’informations et de témoignages, mais qui, en se focalisant sur le marché occidental (et en oubliant au passage celui de l’arcade, qui n’existe pour ainsi dire pas dans le livre), ne donne à écouter qu’un son de cloche. Alors que toute la complexité de Sega réside dans sa bipolarité, entre ses racines américaines et japonaises, sa production arcade et domestique, ses fulgurantes réussites et ses échecs cuisants.

Service Games : Rise and Fall of Sega est donc un ouvrage précieux et plein de ressources, mais dont le point de vue est trop partiel, et la lecture trop pénible, pour pouvoir être considéré comme définitif. Espérons néanmoins qu’il ouvre la voie à d’autres auteurs, qui auront la bonne idée de sortir de ce schéma d’empilement de faits et de dates, et qui maîtriseront mieux l’art du storytelling. Une histoire aussi chaotique que celle de Sega le mérite bien.

Lire sur le site

Ce qui me dérange dans ce bouquin c’est l’avis que donne l’auteur sur certains sujet et l’absence totale de la section arcade. Or on sait tous très bien que SEGA ne se résume pas uniquement avec les consoles. Néanmoins, c’est assez sympa de lire car il y a des infos assez intéressantes.

Très belle revue de presse d’un bouquin que je n’achèterais certainement pas, je me débrouille en anglais, mais j’avoue avoir la flemme de décortiquer un livre entier dans la langue de Shakespeare…

Parler de Sega sans aborder l’Arcade est un énorme problème d’autant que Sega c’était les conversions Console Arcade à foison.

Du coup comment ils abordent la période Dreamcast avec la Naomi dans de telles conditions ???

Ils en parlent très peu. Le livre parle beaucoup de business, de technique, mais finalement peu de jeu.

Très belle revue de presse d’un bouquin que je n’achèterais certainement pas, je me débrouille en anglais, mais j’avoue avoir la flemme de décortiquer un livre entier dans la langue de Shakespeare…

Ce genre de livre mériterait une traduction française, mais on peut toujours attendre car le marché est trop petit.

Console Wars, bien qu’également en entier, est beaucoup plus digeste. On en parle bientôt.