Alors je vais être plis claire.
Dans mon métier, si ma boîte déménage à 40 bornes, pour continuer à faire exactement ce que je fais, je devrais aller dans des boîtes :
Soit situées également à des endroits tout aussi chiants au niveau de l’accès,
Pas forcément aussi bien positionnées sur le marché (donc taf moins intéressant/valorisant)
Qui ne recherchent pas forcément des personnes avec mon profil actuellement
Qui sont notoirement nulles à chier
Dont je me suis déjà barrée
Tout le monde n’est pas un admin réseau ou une assistante de direction qui peut taffer indifféremment dans une banque, un hôpital ou une compagnie d’assurances.
Et bosser chez Ubi ou Microids, c’est pas tout à fait la même limonade.
Et puis juste ben… C’est chiant ? Tu dois te remettre dans une nouvelle organisation, avec de nouvelles personnes, de nouvelles procédures, tu sais jamais vraiment quelles seront tes nouvelles conditions de travail tant que tu n’y es pas…
Partir parce qu’on n’est plus satisfait de là où on bosse, c’est une chose. Partir parce qu’on te pousse dehors, c’en est une autre.
Et c’est pour rétablir l’équilibre des forces entre salariés et employeur qu’on a inventé les organisations syndicales
Les entreprises fondamentalement s’en foutent par contre, il ne faut pas se leurrer. Leur objectif c’est de faire du pognon, pas de se plier aux moindres désirs des employés.
Donc globalement, après que tout le monde ait bien pleuré, si la boîte ne se plie à ta volonté, tu fais quoi ?
« C’est quoi la difficulté à retrouver un emploi ? »
La difficulté ? Comme s’il n’y en avait qu’une ?
Tout le monde n’a pas un CV de rêve, un nom éloignant toute forme de discrimination, un domaine de compétence offrant moult opportunités, et quitter un boulot ça peut être la garantie de se coltiner des mois de chômage. On peut considérer que c’est bien fait pour la gueule des cons qui n’ont pas fait d’études, ou pas les bonnes, ou qui ont subi des accidents de la vie, etc. et leur asséner que c’est de leur faute donc ils peuvent crever ou au moins souffrir en silence, ou démissionner et plonger dans le bassin de merde avec entrain. On peut. Mais on n’est pas obligé.
Ca dépend qui les représentent aussi: parce que si c’est représenté par des sectaires comme un des trois syndicats de mon hôpital, ca donne pas forcément une bonne image.
Spoiler alert : on fait pas de pognon sur le long terme en dégoûtant les personnes motivées et expérimentées de travailler pour toi et en te reposant sur l’enthousiasme de débutants que tu vas exploiter au nom de la passion pour faire tourner ta boîte.
Le bon calcul à long terme c’est peut-être de respecter ses employés et d’arriver à une relation saine, dans un cadre qui convient à toutes les parties. Un contrat de travail équitable quoi.
CF : Nintendo.
Et sinon, si la tractation n’aboutit pas, tu fais la balance des avantages et des inconvénients de rester et tu prends une décision en conséquence, c’est tout.
Mais un contrat de travail c’est une personne qui échange sa force de travail contre une rémunération dans un cadre précis, c’est pas un crime de lèse-majesté de se battre pour que les termes du contrat ne deviennent pas au fil du temps plus défavorables à l’une des parties.
550 000 emplois vacants au 2e trimestre 2024, pour combien de chômeurs ?
Peut-être que si plus de personnes se syndiquaient les organisations seraient plus représentatives des employés et le dialogue social plus simple.
Tu es syndiqué ?
Donc on y arrive. Finalement le gars qui n’est pas satisfait arrivera sûrement à faire autre chose de sa vie, tandis que l’entreprise prendra quelqu’un d’autre probablement prêt à faire la même chose en étant peut-être un peu moins exigeant/pénible ? Et oui, nous sommes en France…
Non, et ça n’est pas un drame de partir d’une boite car les conditions ne te conviennent plus. On a l’impression que les gens jouent leurs vies à vous écouter.
Alors là, dans mon hôpital, ca marche pas comme ça: pas avec la CGT en tout cas. Parce que quand tu viens pour demander des renseignements et qu’on te réponds comme la dernière des merdes parce que tu n’est pas encarté CGT, ca ne donne pas forcément envie de te syndiquer chez eux.
Ce même syndicat qui passe son temps à gueuler pour tout et n’importe quoi, à calomnier la direction et à lui coller des procès (que le syndicat perd les uns après les autres) au point que la direction départementale de la CGT à Montpellier ne veut même plus les voir parce qu’ils les considèrent comme des tarés.
Non, je peux t’assurer que le dialogue social n’est pas possible avec eux, et quand une bonne partie des adhérents sont soit des tarés, soit des gens qui aiment bien foutre la merde chez les autres (j’ai eu des problèmes qu’avec eux), ca me donne un aperçu de leur représentativité.
Il y a la FO et la CFDT (la CFDT est le résultat de rupture de membres de la cgt), comme je suis un agent hospitalier qui tourne dans tous les services pour le ménage, j’ai beaucoup plus de facilité à avoir des discussions avec les membres des deux syndicats qu’avec ceux de la cgt et pour cause: j’ai appris que la gestion interne du syndicat fonctionne comme une secte (si tu n’est pas manipulable, on va te pourrir la vie).
Je suis un sympathisant d’un des deux syndicats mais pas encarté. L’hôpital n’est pas le job où je finirais là dedans.
Alors en attendant, je continue à faire mon job, à rester en contact avec toutes les équipes de tous les services et avec l’administration et direction.
Si j’ai un problème, j’ai les cadres comme soutiens de mon côté.
Et un petit détail aussi à prendre en compte dans le milieu hospitalier, il y a l’ARS (Agence Régionale de Santé): c’est elle qui a le dernier mot sur tout ce qui concerne la santé quoi qu’il arrive et donc sur mon hôpital publique.
Je te trouve extrêmement cynique. J’ai beau être de gauche, j’ai la faiblesse de penser qu’il y a des vrais patrons dont le but dans la vie n’est pas d’exploiter ses salariés.
Avec une telle mentalité on n’aurait jamais eu de congés payés puisque demander un meilleur traitement c’est juste du chouinage typiquement français.
Si on n’a pas obtenu gain de cause soit on accepte de rester, malgré les inconvénients, et on a une vie un peu plus merdique, soit on fait possiblement des choix de vie plus radicaux qui t’affectent toi, ton conjoint, tes gosses, ta famille, etc.
Donc oui, on joue littéralement sa vie.
@Monsieur_X ben tu vois tu dis quand même que le dialogue est possible avec un des syndicats, donc que tu te retrouves au moins partiellement chez eux.
Ce que je dis c’est qu’avec (chiffre donné au pif) 10% de travailleurs syndiqués en France, faut pas s’étonner qu’on a les plus excités.
En Allemagne c’est beaucoup plus, donc ils sont à la fois plus légitimes, et plus propices au dialogue.
Faites comme moi. Choisissez un métier qui ne permet pas de faire grève, qui ne peut pas être syndiqué.
Cerise sur le gâteau je déménage tous les 3-4 ans en emportant toute ma petite famille.
Bien sûr qu’on joue sa vie selon l’emploi qu’on occupe.
À plusieurs reprises, l’emploi que j’ai occupé à un instant donné a modifié ce qu’allait devenir ma vie, en raison du lieu de travail, des conséquences financières etc.
Le sentiment de pouvoir changer en claquant des doigts est un luxe.
En même temps, la mentalité allemande n’est pas la mentalité française.
Heureusement qu’il existe le choix de se syndiquer ou pas, t’imagines si c’était une obligation à partir d’un âge spécifique ? C’est comme si on voulait m’obliger à rejoindre un parti politique.
Dans tous les cas, j’envoie chier mais d’une puissance: j’ai d’autres objectifs dans ma vie, merde.
Aux USA (pas franchement un pays communiste) il faut être syndiqué pour pouvoir travailler dans certaines branches.
Mais sans parler d’obligation, c’est mécanique, plus il y a de monde qui est prêt à se syndiquer, plus il y aura de facettes représentées, et mieux les intérêts de chacun sont protégés.
Des syndicats qui vont voir un patron en disant " à nous tous on représente 80% des employés" (même si les sensibilités sont différentes), c’est plus sérieux que s’ils en représentent 12%.
Si ta boite est privée, plutôt grosse et présente en bourse, certainement pas. Les plus petites structures, c’est autre chose évidemment.
Tout n’est là que pour faire du pognon. Écologie ? Si ça rapporte du fric (ou que ça évite d’en perdre). Inclusivité ? Idem. Télétravail ? Pareil. Embaucher des personnes handicapées ? Parce qu’on nous force sinon on perd du pognon. Essayer d’avoir plus de femmes ? Même combat. Leur seule raison d’être, c’est de faire du pognon et tout ne tourne qu’autour de ça (pour les boites dont je parlais plus haut).
Étant un intermittent du spectacle qui est envoyé en milieu scolaire pour le compte d’une asso’ culturelle, je suis avec intérêt cette discussion
L’entreprise est un pays exotique que je fréquentais en touriste pour mes jobs d’été quand j’étais étudiant.
Ceci-dit entre vos témoignages et ceux de mes collègues d’alors, ça fait pas super envie de signer pour une boîte
Après je dis ça, le mercenariat du spectacle n’est pas non plus très joyeux pour assurer la stabilité du quotidien
Après, l’avantage du salariat, c’est quand même la retraite évidemment, la plus grande facilité qu’on t’accorde un crédit immobilier, les congés payés, la mutuelle…
Après, effectivement si ton employeur est sympa, c’est encore mieux.
Par contre, comme convention collective, je me tape tout le temps la Syntec qui n’est pas top…
En gros, le salariat, c’est généralement une paie moindre à métier équivalent qu’être en portage ou indépendant mais une plus grande sécurité.
Ahah j’ai été intermittent des années et très content d’en sortir pour de la stabilité et se faire cracher dessus par une large majorité de la population alors qu’ils consomment à longueur de journée ce que tu participes à produire, je pouvais plus lol
La Fnac m’avait refusé le paiement en 3x pour la PSvita à cause de ce statut